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Max Elskamp
1862 - 1931

Symboliste flamand d’expression française puisant une large part de son inspiration dans la culture populaire, Max Elskamp est sans doute un des poètes les plus musicaux de la langue française qui façonne ses vers comme des chansons, privilégiant les rythmes et les sonorités sur le sens des mots et la logique de la phrase.

En effet, Elskamp entreprenait un travail délibéré d’épuration syntaxique au profit de la musicalité de son œuvre, qu’il voulait proche de la chanson populaire mais toutefois teintée d’un hermétisme symboliste. C’est ainsi qu’il use à foison – mais parfois de manière inappropriée d’un point de vue grammatical – de conjonctions, d’adverbes et de locutions pour amorcer un vers : et, or, mais, que, alors, et alors, et maintenant, tant, c’est, c’est lui, c’est de, et c’est, etc. Ces petits mots ou groupes de mots agissent alors comme des marqueurs de temps sur une partition musicale et perdent souvent leur signification linguistique. On est ainsi dans la pure forme poétique privilégiant le signifiant sur le signifié, et le rythme sur la syntaxe. Autre subversion de la langue assez fréquente chez Elskamp est la phrase qui se disloque au profit d’une étrange grammaire ressemblant à la morphologie des langues germaniques.

Cette liberté avec la syntaxe, ces amorces de vers par de petits mots propres à la prose la plus banale provoquera l’incompréhension de ses contemporains qui vont jusqu’à qualifier ses poèmes de « néo-nègres » (sic), ou considérant qu’il « baragouine à la façon des gens du terroirs ». Max Elskamp lui-même était désarçonné par ses propres subversions grammaticales comme d’une manie incontrôlable : « Je doute horriblement de la forme… car je ne suis plus sûr de savoir une langue ! », écrivait-il.

En découvrant sa poésie, je n’ai pu résister à y apposer mes mélodies tant elle invite presque naturellement au chant plus qu’à la déclamation.